Les fautes d’orthographe : qu’en est-il vraiment ? Conseils pour aider à identifier les différents types de fautes d’orthographe afin de réduire leur fréquence.

Posted on dimanche 27 décembre 2015 by Michèle Minor-Corriveau

Ce billet fut publié le 22 septembre 22, 2015, en anglais, sur le site de Chantal Mayer-Crittenden. Il est publié à nouveau sur ce site avec permission.)

Si nous étions déposés sur une île déserte, sans alphabets, sans mots écrits, sans signes, sans messages écrits, nous n’apprendrions jamais à écrire, car nous n’en sentirions pas le besoin. Êtres sociaux que nous sommes, nous développerions un langage oral commun aux indigènes trouvés sur cette île déserte afin de communiquer nos besoins et nos désirs. Le langage écrit, cependant, est un code qui doit être enseigné explicitement: il est impossible de l’acquérir en interagissant avec d’autres êtres sociaux. Alors, quelle compétence doit d’abord être enseignée? La réponse à cette question est loin d’être simple ni claire. Elle dépasse de loin les limites de ce billet, mais il faut bien comprendre que l’apprentissage de la langue écrite ne se présente pas de façon linéaire. L’art de bien orthographier et d’écrire avec précision ne s’apprend pas sans instruction explicite. Il ne s’agit pas non plus d’une addition de diverses compétences qui formerait un tout. Dans ce cas, le tout est certainement plus que la somme de ses parties, et compte tenu de la diversité des capacités des enfants regroupés presque au hasard dans une même salle de classe, une approche taille-unique est rarement efficace. D’ailleurs, qui aurait décidé que l’âge est la caractéristique la plus commune que les enfants partagent? Pourtant, c’est bien l’âge qui est le facteur commun pris en considération lors du regroupement des élèves afin de leur enseigner de nouvelles compétences. Voilà un autre thème qui fera l’objet d’un billet à venir. Il suffit de dire en toutes lettres qu’en français, peu d’outils servent à guider les enseignants dans la manière de transmettre les capacités à apprendre l’orthographe, quoiqu’il y ait une hiérarchie recommandée qui, lorsqu’inscrite dans/respectée à travers un continuum, aidera les enfants à maîtriser efficacement les fondements essentiels du langage écrit. Et bien que la maîtrise d’une compétence puisse mener à la maîtrise d’une autre compétence, ce ne sont pas en soi des garanties de succès. Selon Béatrice Pothier, d’autres lectures s’imposent afin d’acquérir une meilleure compréhension de ce concept.

Pour que l’apprentissage de l’orthographe se fasse de manière progressive, il est primordial de connaître le type de fautes d’orthographe auquel s’adonnent les enfants. Quels sont alors les différents types de fautes d’orthographe? Soyons clairs: tous les enfants, à un moment ou un autre, présentent chaque type d’erreur dans leurs écrits. Cela s’inscrit dans une courbe d’apprentissage naturelle. Même chez les adultes qui se disent avoir maîtrisé le code écrit, ces erreurs se glissent de temps à autre. Savoir identifier le type d’erreur que vous tentez de remédier dans l’apprentissage de l’enfant peut aider à résoudre les problèmes, tout en proposant des stratégies qui lui permettront d’améliorer la maîtrise du code écrit. Les types d’erreurs les plus communs comprennent, sans toutefois s’y limiter: des erreurs syntaxiques, lexicales et phonétiques / phonologiques.

Lorsqu’une erreur phonétique / phonologique est commise, le mot n’est pas phonétiquement identique au mot cible. Par exemple, lorsque le mot «carotte» est orthographié «garrot», ce serait une erreur phonétique. En relisant le mot, on n’arrive pas à une oralisation correcte du mot « carotte ». Si le mot «carotte» avait été orthographié ‘carrotte’, ce serait là une erreur lexicale. Le mot se lit correctement à l’oral, mais les lettres choisies ne reflètent pas l’épellation qu’on trouverait dans un dictionnaire.

Les erreurs syntaxiques, elles, ne peuvent être analysées que dans le contexte d’une phrase, car elles ne peuvent se produire que lorsque l’accord entre les mots ou les clauses est erroné.

Comment faire donc pour éviter l’intégration d’une orthographe désastreuse chez nos enfants? Voici quelques pistes qui pourraient aider à augmenter la probabilité de l’orthographe sans erreurs.

Connaissez le type d’erreurs que commet votre enfant : Le fait de connaître le type d’erreurs qui a été commis peut vous aider à fournir une stratégie pour enrayer l’occurrence de ce type d’erreur.

Vous pouvez y arriver en bloquant l’erreur;

Les erreurs de type phonétiques / phonologiques peuvent être éliminées lorsque vous demandez à votre enfant de lire le mot à voix haute, mais cette stratégie ne suffit pas à elle seule puisque les enfants vont souvent énoncer le mot qu’ils voulaient écrire au départ. Un niveau assez élevé de conscience et d’autovérification est nécessaire pour utiliser cette stratégie comme moyen de correction. Ce type d’erreur devrait être l’un des premiers types d’erreurs à disparaître, une fois que la conscience phonologique des enfants est bien ancrée.

Les erreurs lexicales peuvent être corrigées à l’aide d’un dictionnaire ou d’un logiciel de prédiction de mots tels que WordQ ou Medialexie. Pour ceux qui sont encore à l’étape de l’épellation phonétique, une belle solution existe: on peut utiliser un dictionnaire phonétique tel que Lexibook ou Franklin (Larousse). Ces dispositifs et logiciels technologiques offrent une panoplie de fonctions tout aussi riches que celles énumérées dans le présent billet.

Les erreurs syntaxiques ne peuvent être éliminées qu’en connaissant les règles des compétences syntaxiques. La prudence s’impose: les élèves ne seront pas en mesure de maîtriser toutes ces compétences d’un seul coup. Il nous faut adopter une attitude de tolérance pour les erreurs liées aux compétences qui n’ont pas été enseignées si l’on veut maximiser le rendement des élèves et inciter leur intérêt à l’écrit. Je vous en dirai plus long sur ces compétences dans les billets futurs.

Payez-vous la traite d’un Sharpie : c’est une façon rapide, facile et très rentable de biffer les erreurs. Si un enfant fait une erreur, utilisez le Sharpie pour biffer l’erreur, de sorte qu’il ne la revoit jamais. Écrivez le mot correctement au-dessus ou en dessous du mot biffé, et soulignez la zone sur laquelle vous désirez que l’enfant mise son attention. Par exemple, si un enfant écrit ‘carotte’, biffez le mot mal orthographié et écrivez «carotte», en soulignant les endroits où l’enfant a commis l’erreur. De cette façon, la mémoire se fixera sur les parties soulignées, et vous augmentez les chances que l’orthographe correcte soit retenue. Autrement dit: si un enfant doit regarder son erreur afin de déchiffrer et écrire le mot correctement plusieurs fois, il est exposé à l’erreur plus souvent qu’à l’orthographe correcte, ce qui augmente la probabilité de reproduire la même erreur. C’est comme si l’on mémorisait l’erreur, plus que le mot correct.

Donc chapeau à tous les enseignantes, enseignants et parents partout au monde! Faisons équipe et aidons nos enfants et nos élèves, à utiliser toutes les ressources qui sont facilement disponibles: dictionnaires en format papier ou virtuel, murs de mots, lexiques… Encourageons-les à apprivoiser les difficultés de la langue écrite comme faisant partie d’un processus. Il nous faut changer les perspectives des enfants: tout le monde fait des fautes d’orthographe. Ce n’est que lorsque nous sommes conscients des erreurs et des outils qui nous sont accessibles pour aider à réduire leur fréquence que la bataille peut être vaincue. Les corrections et les rétroactions constructives ne sont pas synonymes de critique. Chaque enfant doit être encouragé à maîtriser les compétences à son rythme, et la seule compétition qui vaille est celle avec soi-même.

Note : les termes enfant et élève sont utilisés de manière interchangeable afin que les parents et les enseignants puissent s’identifier comme membres intégraux de l’équipe de formateurs de nos jeunes.

Prochain billet – Les dictées : on en fait ou on n’en fait pas?